des etudiantes parfaites

Publié le par issam

Toutefois, nous voulons nous concentrer plus sur « les étudiantes » qui prennent ce métier à cœur et en font un quotidien, un gagne pain. Une d’entres ces étudiantes qui se prostitue, le soir venu, pour avoir quelque dinars à dépenser le lendemain, a bien voulu nous parler de son histoire, après s’être assurée de notre personne et de notre objectif. Son regard bleu et éclatant donne l’impression que cette jeune étudiante d’à peine 21 ans, voudrait vider tout ce fardeau qu’elle semble porter dans le cœur. Elle nous révèle que son moral est rarement bon, souvent sous pression. Elle est pessimiste, ayant du mal à se concentrer et, comme le veut son âge, désire vivre mieux que dans une résidence universitaire. Pouvoir ainsi prospérer de l’avant après avoir réuni une certaine somme d’argent. Le tout dans le but de s’installer et de se convertir à la vie normale. Bien que motivée et forte, avons-nous remarqué, elle a souvent envie de verser quelques larmes pour apaiser ses tourments de jeune fille voulant assumer son indépendance, est inquiète et nerveuse, la cigarette au bouts des doigts, se fait des reproches et ne cesse de se sentir abattue et désespérée dés que son regard se retrouve face à la pensée de l’avenir qui flirte avec son esprit à chaque tombées de nuit, avons-nous constaté. Son prénom est Farida (notre témoin), étudiante en psychologie à la faculté de Bouzaréah, jeune, de taille mince et d’un visage à apprécier à longueur de temps. Elle nous dira : « Je me suis retrouvée à l’université et les moyens financiers faisaient défaut. Par la suite, j’ai connu une fille à la fac, elle m’invitait souvent à passer la soirée avec elle et son copain. C’est avec le temps, que je me suis retrouvée dans un tournant abominable. Après avoir pris des tournures différentes, je me suis laissée initier à ce métier et ça dure depuis une année déjà. En fait, c’est une question de survie, je n’ai pas d’autres moyens pour avoir de l’argent ». Durant notre discussion, elle nous confiera : « Vous savez, je ne suis pas seule, il y a beaucoup d’autres adeptes ou accros à ce métier si vous voulez ! On peut même les compter une par une, que ce soit ici ou dans d’autres résidences» 

Elles sont nombreuses, dans toutes les cités universitaires de filles de l’université d’Alger, et sans doute ailleurs encore dans les autres campus du pays. A Dély Brahim, à Ben-aknoun, dans les Asphodéles, dans les résidences de Bab Ezzouar, passant par Dergana arrivant jusqu’à Ouled Fayet, ce ne sont pas les exemples et témoignages qui manquent dans ces résidences filles. Le constat, bien que décevant, est le même. Les raisons sont les mêmes ; besoin d’argent, envie de se faire plaisir pour certaines, tandis que pour d’autres, l’envie de se défouler et par-dessus tout « se changer d’air ». Cela dépend d’une nécessité de survie à chaque jour que dieu fait. Notamment, les filles venues étudier dans la capitale, et qui se retrouvent face à une liberté totalitaire, ne sachant pas s’y accommoder ou s’y habitué, elles virent vers la débauche, et comme tout bonnement, l’unique issue pour mieux connaître les endroits sombres de la ville, entre autres, bars, restaurants, cabarets et boites de nuit, pour conclure ;  éviter le chômage loin des parents et de la famille, tutelle, le plus vieux métier du monde est à la portée de toutes. Nul besoin d’expérience ou d’aptitudes quelconques, seule un geste suffit, un sourire et c’est « le commencement de l’infini ». Outre, l’orientation vers une tournure dont personne n’excluant les conséquences qui restent à craindre pour la plupart de ces « prostituées le soir et étudiantes la journée d’après ».

Une autre étudiante à coté de la porte d’entrée de la résidence des Asphodéles, à Ben-aknoun, attendant son « pigeon », habillée légèrement et dont le nombril et la moitié de son ventre se voyait, monte dans la première voiture qui s’arrête, le temps de quelques mots et le tour est joué. Ladite étudiante, poursuivant ses études à la faculté centrale d’Alger-centre, semble prendre goût à cette pratique. Quelques quarante minutes après, la voila qui redescend du même véhicule après avoir fait un tour, dieu sait de quel alinéa ! Même scène à chaque tombée de nuit, pas question de dîner à l’intérieur de la résidence, un meilleur repas attend à l’extérieur. Un tour de baguette, la soirée est finie et le porte feuille assez bien remplie. Nous avions tenté d’aborder cette personne mais le refus était tel que nous abandonnions. Elles sont bien nombreuses à commercialiser leur corps mais peu à oser se confier. La majorité de celles que nous avons rencontré sont unanimes « Nous avons été pris dans un orage de folie et d’inconscience  au début et là, nous ne pouvons plus reculer, c’est la seule chose que nous pouvons faire pour répondre à nos besoins ». « Voyez-vous, les besoins des femmes sont beaucoup plus nombreux que ceux de la gent masculine, alors nous essayons de faire avec les moyens du bord » annonce Selma, âgée d’à peine 20 ans, venue de l’Ouest du pays et résidente à la cité de Ouled fayet.

D’autres préférant la discrétion, choisissent les moyens de la technologie, en l’occurrence, les portables pour ne pas s’afficher en plein public. Elles préfèrent, grâce au cellulaire, donner rendez-vous à leurs pigeons à quelques mètres loin de la résidence pour ainsi perpétrer cette tendance qu’est « De se vendre au plus offrant ». Certaines portent le voile, d’autres non, mais n’hésitent pas à joindre tous les moyens pour gagner la croûte d’un quotidien assidu.

Abordée par nos soins, une troisième étudiante se confessera à nous. Celle-ci, en quatrième année, à la faculté de Bouzaréah, est résidente à la cité de Dély Brahim. Son âge ne dépassant pas les 24 ans. A notre question de savoir comment consent-elle cette forme de gagne pain facile, elle nous dira « Cela fait quatre ans que je poursuis mes études sur Alger. Mes premières années étaient difficiles du coté financier ». Et d’ajouter « Depuis quelques temps déjà, j’ai rencontré un jeune qui possède un commerce d’habillement sur Alger-centre. J’y vais m’approvisionner en argent à chaque fois que j’en ai besoin » C’est là une façon de se fournir également en vêtement, nous précise-t-elle.  D’ailleurs, renchérit-elle, cela lui permet d’être loin du besoin. La solution est là encore très simple, il lui suffit de se vendre. Sabrina, tel est son prénom, elle nous confiera qu’entre autres, elle ne se contente pas de ce copain commerçant mais qu’elle fréquente d’autres aussi. Contrairement aux autres filles qui se prostituent à ciel ouvert, celle-la semble exercer en silence. En effet, il suffirait d’un coup de téléphone, nous explique-t-elle, pour qu’elle se déplace dans les boutiques de ses copains. Ayant tenu à comprendre un peu plu les raisons de ce détoure, elle ajoutera que « pour moi c’est purement par besoin financier. Je n’arrive pas à me satisfaire alors j’ai besoin d’encore plus d’argent pour vivre tranquille dans le campus universitaire ». Elle affirmera également que « le problème n’est par lié à sa famille mais bien au contraire, elle est en bonne situation financière. Ce n’est tout simplement qu’un vice »

La clientèle est tamisée

Abordant, le sujet des pigeons, il est remarqué que la clientèle de gent masculine est de tout âge confondu. Certains dépassant la quarantaine, d’autre la soixantaine et d’autres jeunes. L’une des filles, nous dira qu’elle préfère que « son client » soit d’un âge assez avancé, sans pour autant faire la différence entre eux, du moment que le portefeuille n’est pas vide. Mais est-il qu’ils sont plus sociables, allant jusqu’à ne pas mettre de restriction en matière de dépense, nous confirmera-t-elle. Contrairement aux étudiants, qui ne peuvent pas être admis dans la liste de celles-ci, vu leur situation désolatrice. En l’occurrence, le manque d’argent, le peu de moyens et du fait d’être fauchés à longueur de temps. Chose est certaine, pas question de tremper avec un étudiant, quelque soit sa situation, a-t-on conclu. « La clientèle est bien trillée en tout cas, soyez-en certains » soutiendra Farida.

Pour sa part, les prix varient de 600 Da jusqu’à plus de 2000 da la soirée. D’après nos témoins, cela dépend du client. C'est-à-dire, une façon de fidéliser ces pigeons, allant ainsi du plus habitué à l’amateur. Elles affirment par ailleurs, qu’elles peuvent, pour certains clients, faire monter les prix à leur choix. C’est un commerce qui s’est proliféré et qui continue de rapporter pour ses jeunes étudiantes destinées à fondre des familles et à occuper, sans nul doute, des postes assez importants de suite à leurs études.

D’autres choisissent de travailler honnêtement

En dépit de tout, bien que la vie dans les résidences universitaires d’Alger n’est pas simple. Chose que confirme l’ensemble des étudiants et étudiantes. On remarque que d’autres filles plus sincères, choisissent d’aller travailler quelques jours, au courant de la semaine, comme serveuses, hôtesses, standardistes ou tout simplement ailleurs, dans d’autres postes afin de gagner leur vie honnêtement. Elles sont bon nombre à travailler pour assurer leur indépendance financière. La situation est telle qu’on n’arrive plus à distinguer les bonnes des mauvaises. Comme quoi, il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier. Mais la réalité est tout autre cas de figure, car faut-il d’une tomate périmée pour (infecter) contaminer le reste.

Saida, étudiante en troisième année science de l’information, confie qu’elle travaille l’après midi comme serveuse pour répondre à ses besoins. « Je travaille depuis quelques mois chez Quick et j’essais de ne pas mélanger le boulot et les études » précise-t-elle. Lynda pour sa part, étudiante en sciences commerciales, s’est trouvé un poste comme déléguée commerciale. Elle nous dira à ce sujet que « J’ai du me casser la tête pour trouver ce poste. Je travaille depuis deux mois déjà et j’arrive à m’en sortir bien que ce soit difficile ». D’autres témoignages viennent encore pour soutenir que la vie d’étudiant n’est pas un jeu de dominos. Pour dire que tout les moyens sont bons, en fin de compte, pour préparer son avenir.

 Ce qu’en pensent les psychologues

 A cet état de fait, contactée par Midi Libre, une psychologue, expliquant mieux le sujet, nous dira que la prostitution, acte par lequel une personne consent habituellement à pratiquer des rapports sexuels avec un nombre indéterminé d'autres personnes moyennant rémunération, est le plus vieux métier du monde. Ce qui, soutient-elle, ne fait plus de lui un phénomène sociétal récent. Elle ajoutera que « considéré différemment par les sociétés selon leur contexte socioculturel, chez nous cette activité antique relève encore du tabou de par le caractère réservé et conservateur de notre contexte, ce qui empêche la conception d’une idée profonde sur le sujet ». « Aujourd’hui, face à l’expansion de ce phénomène en milieu estudiantin algérien, le temps est à se questionner sur ce qui pousse des jeunes étudiantes à se prostituer. L’analyse de la prostitution dans notre société débouche illico sur un bon nombre de sujet les uns plus épineux que les autres et qui la sous-tendent inéluctablement » nous assurera-t-elle. 

Dans le même contexte, elle affirmera qu’une combinaison de facteurs explique certes l’entrée dans la prostitution, dont nous trouverons une multitude de causes tel que la  perte de repère, poids de la frustration dans une culture basée sur l’interdit moral, religieux et social, le manque de communication au sein de la cellule familiale, défaillance de l’éducation sexuelle, conditions socioéconomique et familiales déplorables, obligation de survenir à ses besoins à sa sortie de la maison et de faire preuve d’autonomie, relations sexuelles précoces ou des éventuels traumatismes sexuels intrafamiliales ou autre sont autant de motifs qui anticipent l’entrée dans l’univers de la prostitution ». La frustration qui en découle d’une éducation rigide fondée sur le silence, les non-dits et la répression fait que certaines personnes, se trouvant enfin en liberté loin de la pression familiale et inconscientes des dangers qu’elles encourent, livrées à elles-mêmes. « C’est à l’abri de la tyrannie masculine des siens, qu’elles n’hésitent pas à aller à la découverte du monde et notamment de la sexualité et de leur corps, domaine encore inconnu et tabou ». « Certes, gagner de l’argent n’est peut être pas l’idée de départ de ces individus, mais après, appelés à venir à bout de leurs besoins, certaines choisissent de faire commerce de leur chair ». Les origines socioéconomiques et familiales expliquent aisément chez quelques catins le passage vers ce monde. Seulement, les motifs varient souvent selon l’histoire personnelle de la personne, nous dira notre source.

La prostitution reste un problème multifactoriel nourri par une série de facteurs dont les conditions de vie miséreuses qui poussent un grand nombre de personnes à en faire de la prostitution leur gagne-pain.

« La prostitution féminine et celle masculine connaissent un accroissement chez nous. Pour cause, nous nous attardons plus à émettre des jugements de valeurs sur ce type d’activités au lieu de nous pencher sérieusement sur l’étude de la prostitution, l’exploration des vraies causes qui la sous-tendent et le vécu de ces personnes qui adopte ce métier ».Elle appuiera, par ailleurs que « des recherches psychosociales portant sur le sujet seront d’un grand salut, car notre société fidèle à sa devise « entretenir le silence » contribue largement dans la méconnaissance de nombreux thèmes important, mais jugés interdits ». « L’éducation sexuelle précoce de la population, l’initiation de campagne de sensibilisation sur les voies de protection des rapports sexuels, sur les risques encourus en cas de contact non protégés, restent des mesures indispensable afin de minimiser les dégâts de l’ignorance » conclue notre interlocutrice.

 

 

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J
vivra etudiante algerienne
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